24 septembre 2019

Interview au Hellfest par le Scandium

Interview au Hellfest par le Scandium

[ITW] Eight Sins : trash hardcore et bonne humeur

On a rencontré Eight Sins, un groupe de metal (et de bons copains !) grenoblois. Ils sont drôles, talentueux, et leur dernier EP It’s a Trap les propulse sur la scène française. Ils jouent à Valence, Besançon, Genève et Lyon d’ici 2020.

Votre album It’s a Trap est sorti il y a un an.
C’est cela, on est à présent sur la deuxième partie de la tournée de l’album. Elle prend fin cet été. Ensuite, on va prendre le temps de composer le prochain album.

Vous enchaînez directement ! Vous avez déjà de la matière concernant cet album ?
C’est encore un secret ! Mais on a choisi une orientation un peu dans la même veine que It’s a Trap. C’est-à-dire quelque chose d’assez trash en gardant ce côté hardcore bien violent. On est dans le crossover. On avait prit un tournant avec It’s a Trap, et l’EP a très bien marché sur l’année qui s’est écoulée. On continue dans cette direction, parce que ça nous correspond plus. On est des enfants de Slayer… enfin, c’est pas ma mère… [rires] Tu as compris. On a décidé de vraiment travailler cet album sans se mettre de deadlines. On aimerait le sortir dans un an, mais si on doit le sortir dans un an et demi ce n’est pas grave. On ne veut pas bâcler les choses, et être vraiment contents de ce que l’on aura fait. Ce sera un peu la suite du précédent, on va essayer d’intriquer les albums.
On va retravailler avec le même mec qui nous a fait la pochette de It’s a Trap.

« Une bonne pochette d’album, ça casse les yeux. Tu comprends l’esprit du groupe juste en regardant la pochette. »

L’un d’entre vous est tatoueur, ce n’est pas vous qui faites les pochettes ?
Non, c’est un ami de l’école de dessin. Il s’appelle Chris, il est super fort. On aime ce style entre BD et oldschool. C’est un peu le classique des pochettes trash, revisité moderne.

C’est important pour vous de donner une image assez forte d’emblée ?
Oui, une bonne pochette d’album, ça casse les yeux, les gens veulent découvrir. Sur la pochette d’It’s a Trap, tu as des petites bêtises cachées partout. Tu comprends l’esprit du groupe juste en regardant la pochette. Ce sont des caricatures. Souvent dans le metal, il y a des mecs qui achètent le CD juste pour la pochette. On a eu des retours comme cela de gens qui nous ont dit avoir acheté l’album car le visuel leur plaisait. Ça permet de découvrir la musique derrière. C’est un élément important d’avoir un bon visuel.

C’est vrai que lorsque tu sais que le style d’un logo de groupe de metal révèle le registre musical, tu réalises à quel point le visuel est important.
C’est vrai. Sur nos premiers albums, tu vois qu’on se cherche un petit peu. Et là en faisant It’s a Trap, on s’est rendus compte que c’est ce qu’il nous fallait, autant musicalement que visuellement. C’est ce que l’on cherchait depuis des années, on s’est trouvés, on est à l’aise.
On a eu tellement de retours positifs sur l’EP, qu’on ne s’attendait pas à tant d’engouement et on a été un peu dépassés. C’est le plus authentique que l’on ait fait, on s’est moins posé de question, et c’est ce qui a été le plus apprécié. Depuis cet EP on a fait des tas de premières parties géniales. Les astres se sont alignés.
On est bien entourés, cela fait dix ans que l’on existe maintenant. Je pense que lorsque tu es un groupe amateur, pour subsister, il faut montrer que tu es tout le temps là, que tu as toujours de la nouveauté et que tu es intéressé, sinon au bout de six mois, tu es oublié. On bosse tout le temps, surtout ces trois dernières années. On s’est vraiment arrachés, mais ça paye.

« La pochette de It’s a Trap est pleine de clins d’œil de films. »

Ce n’est pas trop difficile de concilier la vie du groupe et la vie professionnelle ?
On y arrive. Effectivement on a tous un travail à côté. Et une vie de famille. C’est comme tout, il faut équilibrer. C’est une question de balance. Il faut mettre tout le monde sur le même pied à peu près. On a tous des enfants, de la famille, des jobs qui nous prennent du temps et des passions. Des fois il faut prioriser certaines choses.

Qu’est-ce que vous écoutez comme musique ? Et quelles sont vos influences artistiques ?
Loic [chanteur] : J’aime bien tous les trucs de dessins animés des années 80-90 comme Tortues Ninja. La pochette de It’s a Trap est pleine de clins d’œil de films… Des esthétiques un peu rétro. En musique, j’ai des goûts très larges : ça va du ultra kitsch comme Kiss ou Steel Panther, je les adore vraiment, je trouve que ça fonctionne super bien, aux trucs plus trash voire perchés comme Envy. Et Slayer.
Julien [batterie] : On écoute tous des choses différentes mais nous avons un point commun : le trash. Notre point commun est Slayer. C’est notre référence à tous.
Mike [basse] : J’adore tout ce qui est japonais. Le rock japonais, le hardcore japonais, le punk japonais… Je trouve une certaine fraîcheur qu’il n’y a plus dans la scène européenne ou américaine. Ils sortent des nouveaux trucs, et en fait, personne ne connait. C’est d’autant plus attirant.

Julien : J’ai mes phases, c’est cyclique. Parfois j’écoute beaucoup ce qui est acoustique. J’aime le rap, alors je peux avoir des phases rap, et puis bien sûr du metal, le trash, la oï. Loic : C’est un vrai hooligan. [rires]
Julien : Suicide Dolls, Pantera… ce sont les groupes phares qui nous rassemblent. Skid Row aussi. On aime beaucoup les groupes à la Mötley Crüe, les années 80, les débuts du metal… On est tous des trentenaires, on a en moyenne 35 balais, alors tous ces trucs un peu kitsch de quand on était gamins, ce sont nos références.

« On avait envie de faire des trucs sales, donc on les a fait. »

Comment Eigt Sins est né ?
Loic : J’ai croisé un membre du groupe dans un local de répétition, et je l’ai entendu jouer du Pantera. Il s’est avéré que c’était un ami de mon petit frère, moi j’avais déjà un groupe… J’ai trouvé ça cool qu’il fasse du Pantera, et en 2006, je sais plus comment, on s’est trouvé à faire un groupe, va savoir pourquoi, on s’est bien entendus. Le bassiste est arrivé en 2010 et le batteur en 2012.

Eight Sins c’est avant tout c’est une bande de potes. On est détendus, on aime jouer. On sait que la musique roule. On n’a pas besoin de se prendre au sérieux, on peut rigoler. En terme de hardcore, on ne peut pas rivaliser avec la scène New Yorkaise, on ne vient pas de ghettos; on ne vient pas de milieux défavorisés… On ne se prend pas pour qui on est pas. On vient d’une petite ville, on aime voir nos amis et faire la fête.

De quoi parlent vos paroles ?
Sur les premiers albums, on se cherchait encore un peu, donc on faisait les choses plus sérieusement, on cherchait à avoir une crédibilité. On a commencé par écrire des textes avec un fond. Il y a eu un album qui s’appelait Straight Edge, qui était un peu hardcore, c’était notre premier album. Ensuite il y a eut World of Sorrow, à une période où on était énervés, personnellement. On avait envie de faire des trucs sales, donc on les a fait. Après on a fait Serpent, qui a un fond contestataire, et pour It’s a Trap, on a lâché la bride, on parle de la vie de tous les jours. Il y a assez de tristesse dans le monde. Après, ce n’est pas parce qu’on aime bien se marrer qu’on ne peut pas être en colère. On a des chansons cathartiques, on dit des choses qu’on ne devrait pas forcément dire.

J’allais vous demander si vous vous étiez résignés, si votre colère était passée avec le temps ?
Non, on fait la musique qui nous permet de la sortir aussi. C’est de l’exutoire à 100%. C’est notre séance de crossfit [rires].

« On veut la Warzone »

Comment c’était pour vous de jouer au Hellfest ?
On était fiers ! On a eu un soutient de bâtard de la part de notre région, tous les gens qui nous ont déjà vus et qui ont pu venir étaient devant la scène, ils nous ont soutenu à mort. On a reçu plein de messages de gens qui ne pouvaient pas venir et nous disaient : « Vous représentez la ville« . On a reçu plein de messages d’amour. C’était du love. On a vraiment un public fidèle à Grenoble. Au début du groupe, on était à Lyon, et puis on a atteri à Grenoble, et notre public est vraiment passionné. On est potes entre nous, on se soutient entre nous, on grandit ensemble.

Maintenant que le Hellfest, c’est fait, quel est votre rêve ?
On a fait le Hellfest sur la Hellstage… On veut la Warzone ! C’est la plus belle scène. Et puis toutes les grandes salles et grands festivals du monde ! Les festivals sont les meilleurs endroits pour jouer, les gens découvrent des groupes, c’est très festif, les gens sont là pour s’amuser, ils sont très réceptifs. On veut aller à l’Obscene Extreme, ça à l’air d’être un bordel total !

Propos recueillis par Aline Gaffiot. Le Scandium

Lien Interview : https://scandiumweb.wordpress.com/2019/09/24/itw-eight-sins-trash-hardcore-et-bonne-humeur/